L’histoire, tout le monde la connaît : Iznogoud veut devenir calife à la place du calife, et comme ça ne vient pas assez vite, Iznogoud trépigne, gesticule, ourdit des complôts, et va jusqu’à défier le calife.
« Monsieur le Président, je me passerai de votre autorisation ! » Le Petit Nicolas veut l’UMP , alors il la prendra, comme autrefois les hussards prenaient les paysannes sur des meules de foin.
Trois fois déjà, il a demandé au patron d’être Premier Ministre !
Mais non, on lui donne une première fois l’Intérieur « sous Raffarin » (qu’il appelle Raffarien), en 2002.
La deuxième fois, en 2004, alors qu’il s’y voit déjà, on lui donne Bercy , toujours « sous Raffarin », avec la grade de Ministre d’Etat. « Les gosses, il leur faut des hochets » ricane le patron.
La troisième fois, en 2005, le patron lui dit encore non, mais lui propose à nouveau l’Intérieur. Après réflexion (mon œil !), il « accepte » de reprendre l’Intérieur.
Mais « sous Villepin » cette fois. Aïe !
Mais l’Intérieur, Cécilia s’y plait tellement ! Et puis c’est l’occasion de remettre la main sur « les Services » et de faire boucler le bec à ses adversaires.
Maintenant, il faut bouger, il faut tout agiter, avoir toujours un coup d’avance, obtenir du chiffre, faire tourner la tête à ceux qui se méfient de lui.
Oui, mais Cécilia , les crocs de boucher , c’est pas son truc ! Alors elle craque.
Tous les journaux en ont parlé, le rédac’ chef de Match s’est même fait viré pour avoir publié, à la Une, une photo de Cécilia accompagnée dans les rues de New York par Richard Attias, qui était responsable de la communication du mari d’icelle pendant la campagne présidentielle.
C’est malin ça , Mr Genestar, juste après que Chirac lui ait dit qu’il était cocu (dans le film) !
Mais finalement, tout finit bien … enfin ça dépend pour qui, avec 53% des suffrages exprimés.
L’histoire, on la connaît tous, ces rodomontades, ces sourires sarcastiques, ces envolées de démagogie ouvrière, la comédie de La Baule, la soirée au Fouquet’s, sont autant d’instants déjà vus et revus à la télévision, mais ils sont rassemblés là en 1 heure 45 de vrai cinéma . Et non pas de cinéma-vérité puisque, même s’ils sont inspirés de personnages existants, les faits présentés dans ce film sont une œuvre de fiction … et les producteurs sont prudents en l’annonçant sur l’écran.
C’est un film sans concession mais ce n’est pas un film à charge. On y ressent la fragilité d’un homme orgueilleux, imbu de sa personne, arrogant, parfois violent, mais aussi amoureux, et qui ne sait plus toujours (et nous, donc !) s’il agit par ambition ou par amour.
Bravo à Patrick Rotman pour le scénario ! Journaliste d’investigation , on peut imaginer qu’il l’a écrit de telle sorte que la fiction ressemble beaucoup à la réalité de ce qui s’est passé sous les lambris dorés de la République, que ni vous ni moi n’avons l’honneur de fréquenter.
Bravo à Xavier Durringer , et à nouveau à Patrick Rotman, pour l’alacrité des dialogues qu’ils ont écrits avec le concours du journaliste Michaël Darmon, consultant spécial en sa qualité de responsable pour France 2 du suivi de l’actualité de l’UMP de 2004 à 2010. Et quand on sait qu’il y a toujours une flopée de journalistes qui accompagnent les voyages ministériels….
Bravo au responsable du casting, aux maquilleurs, aux perruquiers ! On croirait le vrai Chirac, la vraie Bernadette, le vrai Villepin, les vrais gens ! C’est un véritable Musée Grévin qui s’anime sous nos yeux.
Bravo à tous les interprètes ! Denis Podalydès (Nicolas Sarkozy) nous joue un Iznogoud au mieux de sa forme. Florence Pernel est une parfaite Cécilia. Et que dire de Bernard Le Coq qui campe un Chirac plus vrai que nature. Samuel Labarthe prête son élégance habituelle à un Villepin très crédible, et dont apprend qu’il n’est peut-être pas toujours aussi lisse que l’image qu’il entretient savamment.
Citons aussi Hyppolite Girardot en glacial Guéant, Pierre Cassignard en brutal Frédéric Lefebvre, ainsi que Mathias Mlekuz (Franck Louvrier), Dominique Besnehard (ex coach en communication de Ségolène Royal) en Pierre Charon patelin, Saida Jawad (Rachida Dati, presque trop souriante), Michèle Moretti (Bernadette cinglante) et Michel Bompoil (Henri Guaino épris d’amour pour son mentor).
Y aura-t-il un deuxième volet intitulé « la Défaite » ?
Réponse au soir du 6 mai 2012 , 5 ans jour pour jour après la précédente élection, date décidée en Conseil des Ministres du 11 mai dernier. Un hasard ?
ML.