Laurent Wauquiez, à en croire les commentateurs de la vie politique, devrait faire un « carton » auprès de militants du parti les Républicains qui vont en décembre le désigner chef de leur formation. Il existerait semble-t-il un « noyau dur » qui lui serait totalement inféodé et qui ne jurerait que par lui ! L’existence de ce noyau dur me semble plutôt être annonciateur de gros pépins pour la droite, ce qui ne me chagrinerait pas exagérément, mais surtout pour la France et particulièrement pour ceux qui souffrent du chômage et de toutes formes d’exclusion, ce qui est bien plus préoccupant…
Christophe Castaner vient d’être désigné (le terme « élu » semble assez inapproprié pour un candidat unique choisi par un collège d’électeurs choisis par avance et non représentatif des militants eux-mêmes) pour être le « délégué » général de son parti. On ne parle pas ici de « président » du parti mais de « délégué général », à l’instar des partis communistes qui désignent leur « secrétaire général », comme s’ils voulaient camoufler l’autoritarisme inhérent à la fonction de chef d’un parti à structure fortement pyramidale et pour qui la démocratie interne n’est pas la préoccupation majeure. Et cette absence de démocratie interne est peu contestée par un ventre mou d’adhérents nombreux, certes, mais privés de débats internes et d’expression des différences…
Wauquiez tient un discours aux accents très durs, impitoyable pour les exclus, allant jusqu’à ignorer les règles constitutionnelles protégeant les libertés individuelles dès lors qu’il évoque la question du terrorisme, tout cela pour ratisser l’électorat de l’extrême-droite et profiter de l’affaiblissement croissant du FN. Mais chacun sait que Wauquiez n’est pas un homme de convictions et qu’il va continuer à moduler son discours au gré des opportunités électorales. Wauquiez est en réalité un faux dur dont l’objectif est de paraitre, de se placer, d’arriver, beaucoup plus que d’être au service de son pays. Cet ancien second couteau de Sarkozy est plus doué pour manier le poignard dans le dos de ses propres amis que pour défendre une conviction profonde. Qui ne se souvient que lors du décès de Jacques Barrot, un centriste profondément européen et toujours fidèle à la fibre sociale qui l’animait, Wauquiez avait prétendu en être l’héritier, lui qui quelques mois après, vilipende l’Europe et s’en prend à l’assistanat, « cancer » de notre société ? Quoi de plus risible que le comportement d’un homme qui va jusqu’à se faire teindre les cheveux en poivre et sel afin de paraître plus âgé qu’il ne l’est et plaire ainsi à l’électorat rural et vieillissant de sa circonscription ! Quoi de plus racoleur que de s’afficher en parka bien rouge à toutes les manifs pour tous, histoire d’être bien repéré par les caméras ! Wauquiez veut paraître, apparaître, ce qui témoigne à l’envi de la faiblesse et de l’inconsistance du personnage, mais on cherchera en vain le moindre fil conducteur politique qui devrait sous-tendre un homme de convictions. Et qu’on ne vienne pas nous dire qu’après tout, il serait comme tous les autres. De Gaulle, Mendès, Rocard et plus près de nous, Juppé n’ont rien à voir avec Wauquiez, enfant gâté de l’élite qu’il fustige aujourd’hui, toujours dans le même but, plaire à l’électeur.
Wauquiez ne sera jamais un grand homme politique. Il n’a pas de projet, pas de programme lisible. Le « Wauquiezisme » n’existera jamais, c’est si vrai que ce serait impossible de l’écrire ou de le prononcer.
Le « macronisme » dont on nous rebat les oreilles existe-t-il pour autant ? Non, à l’évidence. Le ventre mou d’En Marche serait bien incapable d’en définir le tissus programmatique et en utilisant le terme de « macronisme », les médias ne font que mettre une étiquette sur un objet politique pas très bien identifié. Il reste cependant qu’à la différence de Wauquiez le faux dur, Macron a beaucoup plus de caractère et de convictions. Indiscutablement, l’homme a su se faire en quelques mois une place sur l’échiquier planétaire et ses postures ne sont pas sans rappeler celles de de Gaulle. On peut ne pas partager les décisions qu’il prend au plan social et économique et il est vrai que certaines pourraient s’avérer des paris hasardeux, surtout quand un des parieurs est le Medef ! Mais Macron a des convictions qu’il ne renie pas au moindre changement de direction du vent. Voix de velours (enfin, ça dépend des jours) mais poigne de fer, sans doute. On va continuer à souhaiter que la politique mise en œuvre ait des résultats tangibles sur le front de l’emploi et des résultats économiques mais nous devons demeurer vigilants car si le ventre mou s’avère n’être qu’une assemblée de godillots, la contestation arrivera par les bords les plus extrêmes. Macron doit se convaincre lui-même qu’écouter, dialoguer, ce n’est pas renoncer à des convictions. Les organisations syndicales, le monde associatif, les élus locaux sont d’une écoute au moins aussi enrichissante qu’une poignée d’Enarques de proximité, aussi brillants soient-ils.
dr