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TerraEco du 22/09/2010

La question de l’immigration ne s’envole pas avec les charters. Elle est pointée du doigt à chaque fois que l’on parle retraite, chômage, précarité… « Terra eco » a sorti calculette et experts pour remettre les faits à leur place.

Un slogan simplificateur : « 3 millions de chômeurs, ce sont 3 millions d’immigrés de trop. » Avec ces mots piqués aux nazis, le Front national affirme que les étrangers prennent le travail des Français et vident les caisses de l’Etat… Las ! Le seul cas extrême des travailleurs sans papiers démontre le contraire : faute de trouver assez de femmes de ménages ou de maîtres-chiens, des milliers d’entreprises françaises cherchent des bras, quelles que soient leur couleur et celle de leurs papiers. Si ceux-ci sont faux, c’est tout bénef pour les finances publiques, qui perçoivent des impôts sans reverser un centime.

Blinder les frontières, voire reconduire les quelque 400 000 clandestins à la frontière, constituerait même une double peine pour l’économie française. Selon toutes les études sérieuses, l’immigration n’est pas une béquille, elle contribue directement à la croissance, l’emploi et l’augmentation des salaires. Ami étranger, voici donc quatre arguments-clé pour ta demande de visa.

1/ « Le sale boulot tu accompliras »

Dans la foulée de la grève des Latinos aux Etats-Unis, le mouvement « 24 heures sans nous » a appelé, le 1er mars dernier, tous les immigrés à ne pas aller travailler. Objectif : montrer que, sans immigrés, des pans entiers de l’économie française seraient paralysés. En 2007, ils représentaient 42 % des salariés dans le nettoyage industriel, et 25 % à 30 % dans la restauration. Lors de la grève des travailleurs sans papiers, la CGT a révélé que le quart des 160 000 agents de sécurité étaient sans papiers, bien qu’un agrément des pouvoirs publics leur soit nécessaire !

Comment cette situation est-elle possible ? Parce que les employeurs peinent à recruter dans les métiers DDD (dégueulasses, difficiles et dangereux). « Sans droit au chômage ou à des prestations sociales, les migrants n’ont pas d’autres alternatives que de travailler, analyse Jean-Christophe Dumont, expert à la division des migrations internationales de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Comparé à leur situation antérieure, un mi-temps payé 600 euros n’est pas dévalorisant, même pour nettoyer des bureaux ou faire caissière 2 heures le matin et 2 heures le soir. Mais pour quelqu’un qui vit déjà ici, qui a des charges familiales et bénéficie d’aides diverses, pourquoi travailler pour gagner 50 euros de plus, alors qu’il devra payer des frais de garde pour ses enfants, son transport, etc. ? Pas étonnant qu’on se retrouve avec des résidents qui n’acceptent plus ces métiers. »

Même son de cloche dans d’autres secteurs plus « nobles » : de nombreux hôpitaux seraient sur le flanc sans leurs praticiens étrangers, moins bien payés que les Français, mais prêts à faire des gardes de nuit et à vivre dans des petites villes.

2/ « Délocaliser sur place tu permettras »

Selon l’anthropologue Emmanuel Terray, la main-d’œuvre étrangère – clandestine ou non –, est « un réservoir de flexibilité » : elle permet à la fois de « délocaliser sur place » des secteurs non délocalisables (BTP, services à la personne), et d’« amortir les crises », car les précaires sont les premiers licenciés. « Résultat : le taux de chômage des étrangers est le double de celui des natifs, mais comme ils ne votent pas… » Les politiques d’immigration restrictives, qui n’empêchent jamais les gens de circuler mais leur rend la tâche plus compliquée, auraient en outre l’avantage d’entretenir une « armée de réserve » clandestine et corvéable à merci.

Faut-il donc ouvrir davantage les frontières ? Non, répond Geneviève Roy, vice-présidente de la CGPME, la confédération des petites et moyennes entreprises. « Nous avons 3 millions de chômeurs et 300 000 emplois non pourvus. On doit répondre à cette inadéquation par la formation et par de meilleures conditions de travail. Ainsi, la restauration a diminué ses horaires, augmenté les salaires et créé une mutuelle. » Le syndicat patronal condamne par ailleurs la « distorsion de concurrence » générée par l’exploitation de sans-papiers par certains employeurs.

3/ « A la Grandeur de la France tu contribueras »

Non seulement les immigrés ne mangent pas le pain des Français, mais ils donnent du grain à moudre : 0,2 point de croissance pour 100 000 entrées, et un emploi créé pour une arrivée, selon l’économiste Joël Oudinet. « Les résultats qu’on retrouve dans tous les pays d’accueil sont contraires aux idées reçues véhiculées par beaucoup de nos hommes politiques, estime-t-il. Les immigrés ne mettent pas au chômage les Français, car ils occupent des emplois complémentaires, moins qualifiés. Même si un maçon français se retrouve en concurrence avec un turc, le prix des maisons va baisser, et donc accroître les revenus globaux, qui vont ensuite alimenter la consommation et l’emploi. »

Avec sa politique d’ « immigration choisie », la France voudrait limiter les entrées aux plus talentueux. « Mais les immigrés très qualifiés ne viennent pas chez nous à cause de l’opposition absurde entre immigration de travail et immigration familiale, analyse le philosophe Michel Feher, du collectif « Cette France-là ». Ils ne veulent pas rencontrer d’embûches au moment de faire venir leurs femmes et leurs enfants, ou de faire renouveler leurs papiers. » A l’arrivée, les effets de l’immigration sur l’économie sont donc « plus modestes en France que dans d’autres pays pour la raison simple qu’on accueille moins d’immigrés (étrangers nés à l’étranger, ndlr) », juge Jean-Christophe Dumont, de l’OCDE. Ils ne représentent que 8,5 % de la population, contre 13 % en Allemagne ou 14 % en Espagne, même si l’opinion publique a l’intuition contraire car elle ajoute aux 5 millions d’étrangers les “ deuxièmes générations ” nées en France. » L’Hexagone est même en queue de peloton des pays riches pour les arrivées d’immigrés. Le mythe de l’invasion a du plomb dans l’aile.

4/ « Les finances publiques tu renfloueras »

L’immigration coûte 27 milliards d’euros à l’Etat, selon Jean-Paul Gourevitch, du quotidien Le Cri du contribuable. Le hic, c’est que le calcul de cet essayiste n’a rien de scientifique, signale Michel Feher, : « Jean-Paul Gourevitch “ oublie ” de compter parmi les contributions des travailleurs immigrés les cotisations patronales payées par leurs employeurs, soit 60 % des cotisations aux organismes publics de protection sociale ! Il inclue en revanche dans les coûts les frais occasionnés par la non-régularisation des sans-papiers (expulsion, contrôle des frontières, etc.). » Ces dépenses sont évaluées à plus de 2 milliards d’euros par « Cette France-là », mais à seulement 232 millions d’euros par le ministère de l’Immigration. Pour dissiper ce flou, un audit sur la politique migratoire a été lancé par 20 parlementaires de toutes tendances, avec les chercheurs de « Cette France-là ». Selon l’économiste Joël Oudinet, premier auditionné, pas de doute, « les migrants sont contributeurs nets au budget de l’Etat. Ils déboursent plus en impôts qu’ils ne reçoivent de prestations sociale. Ils arrivent déjà formés, et sont peu représentés parmi les plus de 65 ans, qui “ coûtent ” le plus en dépenses de santé, car beaucoup rentrent dans leur pays d’origine pour leur retraite. »

L’immigration est ainsi un efficace anti-rides. Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), augmenter les entrées de 50 000 personnes par an réduirait le déficit des régimes de retraites d’un demi-point de PIB (de 1,75 à 1,25). « Ce n’est pas négligeable, et pourtant le COR ne joue pas sur cette marge de manœuvre dans ces prévisions, qui tablent sur 100 000 entrées par an », s’étonne Joël Oudinet. C’est un choix « politique », comme celui de ne pas calculer précisément les bénéfices de l’immigration contrairement à d’autres pays, estime Michel Feher. « L’immigration ne va pas empêcher le vieillissement de la France, mais elle peut ralentir le processus, et apporter du dynamisme culturel et économique. » « La France a tout à gagner à une politique plus ouverte », conclut Jean-Christophe Dumont, de l’OCDE. —

 

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La Hune, pourquoi ?

La hune, sur les anciens navires, c’était la petite plate-forme située en haut du mât sur laquelle on envoyait un matelot pour surveiller la mer, les autres bateaux, voir s’il y avait des récifs… aujourd’hui, alors que les nuages de la crise économique ne cessent d’inquiéter, alors que celui qui a été élu capitaine du vaisseau « France » et ses courtisans semblent plus doués pour faire du vent plutôt que de s’occuper à rendre un peu moins pénibles les conditions dans lesquelles rame un équipage qui pourtant, avait souhaité atteindre de nouveaux horizons… disposer d’une modeste hune supplémentaire ne saurait faire de mal ; c’est la petite finalité d’un ènième blog comme celui-ci.

 

La hune, c’est aussi la « une » des journaux écrits, radios et télévisions, avec un « h » en plus… un h, parfois peut être aussi une hache, non pour pourfendre les journalistes qui dans leur ensemble font leur travail avec beaucoup de conscience, mais de temps en temps, pour rappeler que la médiatisation outrancière de l’information, sa mise en scène à grands coups de paillettes au mépris de règles élémentaires de ce qui doit être prioritaire, doivent être dénoncées comme la vigie le faisait du haut de la hune pour indiquer un danger.

 

Enfin, dans la pénombre dans laquelle nous tentons de nous diriger, on peut caresser le rêve que grâce à tous ceux qui apporteront leur contribution, la hune sera là de temps en temps pour donner un peu plus de clarté « hunaire » au milieu de la nuit dans laquelle voudraient nous laisser dormir des femmes et des hommes politiques de tous bords…

 

A vos plumes, mille sabords !

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