Au lendemain du premier tour des élections régionales, la famille Le Pen peut compter ses sous avec un large sourire. Elle est grassement payée en voix par les électeurs du FN qui rassemblent tout ce que la France peut compter de xénophobes, de racistes de toutes obédiences, de naïfs politiques, de nostalgiques du pétainisme et de l’Algérie Française, de trouillards et de collabos de tous poils, prêts à désigner l’autre comme responsable de leurs propres malheurs et donc à le sacrifier sur l’autel de leurs propres intérêts. Cet autre, c’est évidemment aujourd’hui l’étranger, le musulman, le monde politique dans son ensemble, l’Europe, et demain, pourquoi pas, le voisin de palier ! Le FN s’est enrichi de la peur de l’autre, peur qu’il a instillée depuis des années dans l’électorat des gogos et il en touche aujourd’hui le salaire. C’est d’autant plus dramatique que comme dans le film de Clouzot, l’absence totale de propositions et de programme économique et social crédible du FN fait que l’arrivée dans l’antichambre du pouvoir de cette bande d’incompétents manipulateurs est pour le pays, un explosif aussi efficace que la nitroglycérine du camion d’Yves Montant.
Si par malheur, certaines régions tombent sous la férule du FN, la culture, le monde associatif et les médias locaux seront les premières victimes expiatoires de la haine que professe ce parti. Les acteurs économiques de ces régions pourront eux aussi tout redouter de la nullité affligeante des deux héritières de la famille Le Pen en matière d’économie. On imagine avec honte et tristesse le regard que poseront les autres pays européens sur la manière dont seraient administrées deux des plus grandes régions de France…
Tout faire, donc, pendant qu’il est encore temps, pour faire échec à cette catastrophe que peut être la prise du pouvoir des régions par le FN. Le PS l’a décidé en retirant ses listes dans 3 régions (ce n’est pas encore certain en Alsace à l’heure où j’écris) et on ne peut que constater que la gauche dans son ensemble a un comportement républicain et responsable. On pourra objecter avec raison que le sacrifice du PS n’est pas si énorme que cela puisque les résultats du premier tour ne lui laissaient en cas de maintien, que peu de chances d’occuper d’autres sièges que de petits strapontins dans certaines régions. Mais il n’en reste pas moins que sans cette décision et c’est le plus important, le FN était certain de gagner au second tour.
Monsieur Sarkozy n’a pas la même approche puisqu’il veut maintenir ses listes dans tous les cas de figure, sachant que dans certaines régions, cela conduit mathématiquement à la victoire du FN. Ce faisant, il ne prend pas le risque d’une victoire du FN mais il lui donne ainsi ostensiblement les clés de la région. Tout cela selon lui, pour ne pas renoncer à nos propres valeurs !!! Quand j’entends Sarkozy prononcer le mot « valeur », je sors mon mouchoir pour cacher mon envie de pleurer ou le fou-rire qui me gagne. Qu’est-ce que le mot valeur peut signifier pour celui qui triche aux élections, qui contourne les règles républicaines à son profit, qui tente d’enrichir son ami Tapie en mettant en œuvre une procédure d’arbitrage pour faire échec à l’action de la Justice ? Qu’est-ce que le mot valeur signifie pour un tel homme qui préfère donner des régions au FN plutôt que de les voir administrées par la gauche, voire par une union de la gauche et de la droite républicaine ?
La triste et sordide vérité, c’est que Monsieur Sarkozy n’a ici pour seule valeur que son intérêt personnel, à savoir, gagner la primaire des Répus et pour cela, il faut que cette primaire soit ouverte… du côté de l’extrême-droite qui n’hésitera pas à le favoriser pour contrer au maximum la candidature de Juppé. Parce que Monsieur Sarkozy fait le pari de croire qu’en cas de deuxième tour seul en face de Marine Le Pen, il remporterait la victoire, espérant ainsi percevoir à son tour le salaire de la peur des extrêmes…
La valeur cynisme, à coup sûr, il sait la pratiquer, celle-là !
dr