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11 février 2016 4 11 /02 /février /2016 17:54

Y-aura-t-il de la modification de la Constitution à Noël ? à Pâques ? à la Trinité ? Rien n’est certain pour le moment, en dépit d’un vote à l’Assemblée qui s’est un peu mieux passé pour l’exécutif qu’il ne le redoutait. Mais reprenons les choses en quelques mots.

Constitutionnaliser l’état d’urgence, le débat méritait autre chose que des incantations sur les libertés sacrifiées sur l’autel sécuritaire ou les propos totalement incongrus de Cécile Duflop évoquant le régime de Vichy. Cette dernière s’est vraiment déconsidérée et le mieux à retenir de son ouvrage vendu à quelques centaines d’exemplaires, c’est qu’il n’aura pas fallu abattre beaucoup d’arbres pour fabriquer le papier nécessaire au tirage. Au moins, pour l’occasion, Cécile Duflop littéraire aura fait un geste écologique.

Sur le fond, on ne peut oublier que le fondement du contrat social repose depuis toujours sur le fait que les membres d’une communauté humaine n’acceptent de renoncer à une part de liberté au profit d’un seigneur, d’un souverain ou d’un Etat qu’en échange de la sécurité que ce dernier leur procure. On peut discuter des conditions de mise en œuvre de l’état d’urgence, de la nécessité de l’encadrer, de combattre les risques de dérive, de protéger contre vents et marées la liberté de la presse, les droits de la défense de tout individu, quel qu’il soit. Tout doit être discuté au fond, en tenant compte du fait que le terrorisme n’est pas une lubie, que plusieurs centaines de jeunes Français sont partis en Syrie et qu’un certain nombre d’entre eux souhaitent revenir avec de la haine à l’état brut en guise de neurones. Tout ceci mérite mieux que des postures politiciennes, d’où qu’elles viennent d’ailleurs.

La déchéance de nationalité, c’est autre chose. Robert Badinter a d’une façon lumineuse et peu discutable montré à quel point sa constitutionnalisation était inutile et totalement inefficace. Personne ne peut sérieusement croire que cela peut renforcer la sécurité des citoyens, personne ne peut imaginer que cette déchéance ait un effet dissuasif à l’encontre de terroristes. L’exécutif sait parfaitement cela et l’objectif poursuivi et non explicité était tout autre, à savoir utiliser le symbole de l’appartenance à la communauté nationale pour renforcer l’unité des citoyens... avec éventuellement un profit politique à en tirer. Raté. Les arrière- pensées politiques ont rapidement émergé et le débat a ainsi échappé à toute rationalité, chacun se drapant dans la dignité d’une posture symbolique que cette déchéance de nationalité, là encore, ne méritait évidemment pas.

Parce que derrière ces postures symboliques se cachent sournoisement les appétits de pouvoir qui commencent à gangréner furieusement l’intérieur de la gauche de gouvernement comme celui de la droite républicaine ! A gauche, et puisque le refus d’une primaire émane aussi bien de l’exécutif que du Front de Gauche, certains misent probablement déjà sur une défaite dès le premier tour de 2017 avec l’arrière-pensée de la recomposition dont ils se voient les artisans. A droite, les postures sont soigneusement élaborées en vue des primaires de fin d’année : Sarkozy, entre deux animations de supermarchés, s’emploie à coller au plus près au discours du FN en vue de ramasser les voix de la droite la plus dure à l’occasion de primaires qu’il souhaite évidemment le moins ouvertes possibles, voire à peine entrebâillées… surtout au vu des derniers sondages assez peu flatteurs. Fillon prend évidemment le contre-pied de Sarkozy dont il doit absolument se démarquer pour espérer figurer honorablement et, pourquoi pas si Sarko renonçait, devenir l’outsider d’un Juppé qui pourrait s’user, espère-t-il. Quant à Juppé, fidèle à sa posture de sage, il tente de rester au-dessus de la mêlée et se dit prêt à voter une déchéance que lui, n’aurait pas tenté de constitutionnaliser…

Et comme le Sénat et l’Assemblée ne sont pas prêts à voter un texte dans des termes identiques, condition pour que le Congrès puisse être appelé à voter une réforme de la Constitution, la déchéance de nationalité attendra et des séances d’irrationalité continueront à se dérouler devant des bancs à moitié remplis de parlementaires ennuyeux…

Et à ce propos, l’entrée d’Emmanuelle Cosse au gouvernement semble bien être le signe avant-coureur de l’enterrement à venir de la réforme Constitutionnelle, Emmanuelle qui n’hésitait pas à confier il y a quelques semaines à propos de la déchéance : « Sincèrement, c’est scandaleux et extrêmement inquiétant. Si nous faisons ça, nous tombons exactement dans le piège que veut nous tendre Daech. Ce serait inefficace voire contre-productif pour lutter contre le terrorisme,… »

Deux nouveaux écologistes au gouvernement, je connais quelques verts qui doivent être cramoisis de colère. Les deux nouveaux ministres seront-ils des verts à moitié pleins ou à moitié vides ? On espère surtout qu’ils ne seront pas creux.

dr

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commentaires

M
Ce que le Gouvernement aura réussi dans cet épisode de la série "Luttons contre le terrorisme - saison 1", et ce que ni les média ni nos élites politiques et intellectuelles n'auront enrayé par des explications accessibles à tous, c'est de brouiller les cartes sur un sujet éminemment important si j'en crois les remous dont, même à La Hune, nous nous faisons l'écho.<br /> La déchéance de la nationalité, si j'ai bien compris est déjà inscrite dans l'article 25 du Code civil.<br /> L'état d'urgence, si j'ai bien suivi les gazettes, on a les deux pieds dedans, et on aurait mauvaise grâce à le remettre en cause, malgré les débordements regrettables dont certaines autorités ne savent se garder, compte tenu de la menace permanente qui pèse sur notre société et sur celles qui ne respectent pas les critères obscurantistes de Daech.<br /> Fort bien !<br /> Reste cette question de "constitutionnalisation" de l'un et de l'autre, dont on nous rebat les oreilles, sans que - mais j'ai peut-être mal écouté - quiconque nous éclaire sur les effets que cela aurait sur nos libertés, et sur notre vie de tous les jours.<br /> Certes, si un parti totalitaire parvenait par malheur à la tête de nos institutions, il ne manquerait pas de s'en servir pour faire régner sa loi scélérate. Mais les dispositions actuelles, celles qui existent et qui sont en vigueur, ne seraient-elles pas déjà suffisantes pour servir ses sombres desseins ?<br /> J'avoue, même en souquant ferme, je sèche !<br /> Hola, du haut du mât, y aurait-il dans la dunette, un matelot avisé pour déciller mes yeux embrumés ?<br /> Et merci matelots !<br /> ML
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La Hune, pourquoi ?

La hune, sur les anciens navires, c’était la petite plate-forme située en haut du mât sur laquelle on envoyait un matelot pour surveiller la mer, les autres bateaux, voir s’il y avait des récifs… aujourd’hui, alors que les nuages de la crise économique ne cessent d’inquiéter, alors que celui qui a été élu capitaine du vaisseau « France » et ses courtisans semblent plus doués pour faire du vent plutôt que de s’occuper à rendre un peu moins pénibles les conditions dans lesquelles rame un équipage qui pourtant, avait souhaité atteindre de nouveaux horizons… disposer d’une modeste hune supplémentaire ne saurait faire de mal ; c’est la petite finalité d’un ènième blog comme celui-ci.

 

La hune, c’est aussi la « une » des journaux écrits, radios et télévisions, avec un « h » en plus… un h, parfois peut être aussi une hache, non pour pourfendre les journalistes qui dans leur ensemble font leur travail avec beaucoup de conscience, mais de temps en temps, pour rappeler que la médiatisation outrancière de l’information, sa mise en scène à grands coups de paillettes au mépris de règles élémentaires de ce qui doit être prioritaire, doivent être dénoncées comme la vigie le faisait du haut de la hune pour indiquer un danger.

 

Enfin, dans la pénombre dans laquelle nous tentons de nous diriger, on peut caresser le rêve que grâce à tous ceux qui apporteront leur contribution, la hune sera là de temps en temps pour donner un peu plus de clarté « hunaire » au milieu de la nuit dans laquelle voudraient nous laisser dormir des femmes et des hommes politiques de tous bords…

 

A vos plumes, mille sabords !

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