Les chefs de l’organisation de la « réclame » du Crédit Lyonnais, alias LCL, doivent s’en mordre les doigts ! Ils avaient inauguré une belle campagne de pub dans laquelle on voyait Gad Elmaleh sur une scène, confier à son public hilare : « je rêve de trouver une banque qui penserait à MES intérêts… » Ce morceau de bravoure payé 450 000 €uros (ça fait combien de conférences Sarkozy ? une ? deux ? trois? une demi-heure ?) prend aujourd’hui toute sa saveur avec les révélations du Monde qui nous apprend que l’amuseur avait bien trouvé la banque de ses rêves, HSBC en Suisse, dans laquelle il détenait un compte soigneusement caché au fisc…
Mais Gad Elmaleh est quand même un petit joueur ! Autre bateleur qui se retrouve sur la sellette médiatique, le dénommé Arthur. Il est certes beaucoup moins drôle que Gad Elmaleh mais sans doute bien plus riche. Mon petit doigt Patrick Cohen me souffle que ce philanthrope avait trouvé un bon moyen d’aider ses compatriotes nécessiteux en achetant la société « Coyote », qui commercialise un dispositif permettant d’échapper aux contrôles radar. Achetée 4 millions d’€uros en 2008, ladite société est revendue 12 millions en 2012, la plus-value échappant totalement au fisc puisqu’entre temps, notre Arthur avait créé une petite société au Luxembourg, afin d’y recevoir la menue monnaie issue de la revente. Le coyote avait bien identifié Bercy comme une « zone de danger » pour utiliser la métaphore en vigueur chez les possesseurs de coyote. Par ailleurs, sachant que les forces de l’ordre attribuent aux excès de vitesse 25% des accidents mortels sur les routes, je me dis que vendre des « coyotes », c’est un peu comme proposer des bouteilles de vodka à la sortie des Lycées en demandant aux élèves de ne pas y toucher ! Non seulement Monsieur Arthur vend un produit toxique, mais en plus il va planquer le bénéfice au Luxembourg ! Quelle belle leçon de morale nous donne cet exilé fiscal ! Cet Arthur-là n’a vraiment rien à voir avec l’autre Artur, prénommé José, qui savait écrire la vie avec élégance et qui va nous manquer…
Que ce serait-il passé si Stéphane Tiki, patron des jeunes UMP dont on apprend aujourd’hui qu’il est sans-papiers avait été le patron des jeunes socialistes ? Claude Guéant l’aurait-il remis illico dans le premier avion en partance pour le Cameroun ? Qu’importe. Ici, à « la hune » on souhaite que ce garçon qui est en France depuis 10 ans et qui est manifestement bien intégré, soit naturalisé au plus vite. Il mérite aussi bien la citoyenneté Française que le plus stupide exilé fiscal. Mon petit doigt me dit cependant qu’il ne retrouverait sans doute pas son poste de chef des petits jeunes de la droite forte. Il se trompe, mon petit doigt ?
Les gros doigts pris dans la confiture, ce sont ceux de Copé et Sarkozy à propos de l’amende due par ce dernier et pris en charge par l’UMP. Le premier est mis en examen et le second est le bénéficiaire de l’opération, qui se trouve être le nouveau patron du parti qui a porté plainte dans cette affaire… Comprenne qui pourra mais notre conférencier à dix balles pourrait bien se retrouver avec les doigts coincés dans la porte, surtout si c’est Fillon qui lui tient ! Quoi qu’il en soit, la stratégie du « ni-ni » a porté ses fruits dimanche dernier dans le Doubs en permettant à une candidate particulièrement xénophobe du FN de réaliser un score spectaculaire. L’UMP a ainsi mis les doigts dans un engrenage dangereux pour les valeurs républicaines et qui va continuer à ouvrir les digues entre ce parti et l’extrême-droite. L’électorat de ces partis va appliquer de plus en plus le principe des vases communiquant et il faudra beaucoup de courage et d’abnégation aux véritables républicains de droite pour faire entendre leur voix.
Bien entendu, l’élection du Doubs ne comportait pas d’enjeu au plan national et il serait hasardeux d’affirmer que les électeurs de 2017 auraient la même attitude, la question de l’appartenance ou non de la France à la zone Euro pouvant alors influer considérablement sur les choix dans l’isoloir. Néanmoins, cette élection du Doubs est le thermomètre qui indique la gravité de la maladie qui nous menace. Mais à ce stade, mon petit doigt n’a pas vocation à être le thermomètre à l’usage d’électeurs ne sachant pas faire la différence entre le fait de haïr et celui d’élire.
dr