Mon cher Thierry,
J’espère que tu ne m’en voudras pas trop de te réveiller, toi qui sommeille en noir et blanc à l’INA depuis tant d’années. Mais si je prends cette liberté, c’est parce que je suis un peu énervé par le comportement de certains petits barons d’aujourd’hui, autoproclamés « frondeurs ». J’en choisis un presqu’au hasard : quasiment Solognot, comme toi, puisqu’il est député d’Indre et Loire, j’ai nommé Laurent Baumel.
Evidemment, on peut tous regretter qu’un gouvernement utilise l’arme lourde au calibre 49-3 pour faire passer un texte législatif mais de là à crier au déni de démocratie après 3 semaines de débat au Parlement et l’intégration dans le texte de plusieurs centaines d’amendement, il y a un pas franchi un peu trop facilement.
Je reviens à notre petit Laurent Baumel dont je lis qu’à la suite de Science-Po et un petit parcours de quelques années à la Banque de France, après quelques allers-retours au PS, puis chez Chevènement, puis dans l’ombre de DSK et Moscovici, il se fait parachuter à Ballan- Miré, petite commune de la banlieue de Tours où il est élu député en 2012 dans une circonscription tenue par la droite. A ce stade, il y a de sérieuses raisons de penser que notre petit utilisateur de lance-pierres doit d’abord son élection à la vague rose de 2012 et qu’il en aurait été différemment si des millions de citoyens ordinaires comme moi n’avaient pas élu François Hollande. Passons, ce n’est pas le seul. Notre frondeur du Val de Loire a trouvé un nouveau cheval de bataille avec la loi Macron qu’il estime « économiquement inutile et socialement porteuse de reculs", …. "On ne s'était jamais dit qu'un jour dans l'hémicycle, on voterait pour assouplir le travail du dimanche et fragiliser les droits des salariés »…
Outre que les études réalisées en amont du travail parlementaire infirment les propos du sieur Baumel sur le plan de l’utilité économique de la loi, on ne peut qu’être consterné de constater à quel point une certaine gauche continue à se draper dans la toge de l’orthodoxie soi-disant socialiste pour ignorer la réalité de la situation des jeunes, des chômeurs et des exclus de tous bords pour lesquels, trouver un emploi vaudrait bien le sacrifice de quelques dimanches, surtout si ce sacrifice est volontaire et mieux rémunéré qu’une journée ordinaire. Tous ces ayatollahs qui ne supportent pas l’idée de reformuler quelques articles du Code du Travail ne valent guère mieux que ces intégristes de tous poils qui n’ont pas le moindre recul par rapport aux versets de l’Evangile ou aux sourates du Coran ! Je connais quasiment 3 millions de Français qui préfèreraient avoir réellement l’usage d’un Code du Travail un peu plus léger plutôt que d’être chômeurs et se contenter de regarder un Code du travail naphtalinisé dans une vitrine à laquelle ils n’ont pas accès. C’est à se demander ce que notre parachuté d’Indre et Loire et ses camarades de jeux connaissent réellement de la situation réelle des chômeurs. Est-ce véritablement un drame national si certains commerces ouvrent quelques dimanches de plus dans l’année ? Que celui qui n’a jamais mangé de pain frais le dimanche matin jette le premier croissant à la face d’Emmanuel Macron ! Qui plus est, faire de la question du dimanche le point de blocage sur l’ensemble du texte est par ailleurs d’une mauvaise foi manifeste puisque bien d’autres dispositions de la loi doivent contribuer à améliorer l’économie. Mais là-dessus, le sieur Baumel est quasiment muet comme une carpe !
Et à propos de carpes mais également de lapins, constater que les députés du Front de Gauche vont s’allier à ceux du FN et de l’UMP pour tenter de renverser le gouvernement me laisse à mon tour sans voix…
Pour l’électeur ordinaire de gauche que je suis, voir le sieur Baumel et ses petits camarades manquer à l’élémentaire devoir de solidarité avec l’exécutif, après que le débat et le dialogue aient eu leur place, est tout simplement consternant.
En tous cas, si d’aventure, Laurent Baumel ou l’un de ses petits amis pseudo Thierry la Fronde envisageait de se faire parachuter sur ma circonscription, il vaut mieux qu’il sache dès aujourd’hui que je ne travaillerai pas pour lui un dimanche électoral et que mon isoloir personnel lui sera fermé.
Quant à toi, le vrai Thierry que j’ai osé réveiller, tu peux te rendormir tranquille, ces frondeurs-là ne te feront pas concurrence ; ce ne sont finalement que de bien pâles figurants.
dr