Décidément, on en a vu de toutes les couleurs ces dernières semaines, à propos de la situation de la Grèce. Il est vrai que la question Grecque était particulièrement difficile à traiter et qu’aucune solution satisfaisante ne pouvait être trouvée pour l’ensemble des parties dans l’état d’urgence que nous connaissions.
Pour autant, les prises de position et les réactions de la classe politique française témoignent au mieux, d’un irréalisme affligeant, au pire, d’un cynisme quasi-militant dont l’essentiel s’énoncerait en cette sorte de maxime : peu importe le sens des mots, seule compte la posture dans laquelle se tient celui qui dit les mots. Illustrations :
Passons sur le FN qui brûle aujourd’hui ce qu’il adorait hier, à savoir, l’extrême gauche grecque. Philippot crie à la mise à mort ou à la condamnation à l’esclavage de la population hellénique, se gardant bien de dire que la sortie brutale de ce pays de la zone Euro aurait été encore plus douloureuse … et aurait fait l’affaire des fascistes d’aube dorée, prêts à reprendre du poil de la bête immonde en profitant de la misère et du désordre… charmante attention du FN pour ses petits camarades grecs...
Dupont-Aignan se distingue lui aussi en évoquant le « Reich » Allemand ! Il a beau battre lâchement en retraite en tentant d’expliquer qu’il ne pense pas au 3ème Reich mais que le mot signifie seulement « empire », Dupont-Aignan nous prend ici pour des imbéciles. Faire semblant d’oublier la connotation que le mot allemand a encore en France et l’utiliser à des fins purement politiciennes en jouant sur le ressort de la xénophobie anti allemande, ce n’est pas glorieux, monsieur le souverainiste ; et pour être à ce point souverainiste, vous mérites incontestablement un titre de roi de …
La xénophobie anti allemande est du reste bien partagée dans le discours des ténors du front de gauche qui expliquent que la Grèce ayant signé l’accord avec « un pistolet sur la tempe », pistolet tenu par la main allemande, ils votent contre cet accord que leur ami premier ministre grec a pourtant paraphé et défendu devant son propre Parlement. Le ton de leur discours rappelle étrangement celui des affiches du PC des années 60 qui s’insurgeaient contre la construction européenne menée de concert avec « les revanchards de Bonn » (sic). Les postures de Mélenchon, Pierre Laurent et consorts apparaissent pour ce qu’elles sont à savoir, des contorsions à la chorégraphie incertaine, voire, les convulsions d’une idéologie finissante.
Dans le registre des contorsions, les répus n’ont pas été en reste : l’inénarrable Christian Jacob a fustigé l’attitude de François Hollande, le taxant d’immobilisme ce qui ne semble pas correspondre à la réalité vécue par les négociateurs de Bruxelles, tout en votant lui-même en faveur de l’accord … mais en laissant la liberté de vote à ses petits camarades parlementaires ! On aurait pu penser que sur un sujet aussi important pour l’avenir de l’Europe, les répus auraient pu faire l’effort de définir une position majoritaire, une ligne politique digne d’un parti de gouvernement mais non, chez les répus, on préfère la posture à la position politique. Le chef répu avait déjà donné le ton en disant tout et son contraire dans les jours précédents, changeant de discours comme on change de braquet sur un vélo ! En réalité, Nicolas Sarkozy qui ne peut s’empêcher de se mettre en scène sur un vélo à l’occasion du Tour de France en affirmant être un « grimpeur » n’est au fond qu’un petit monte en l’air dont l’appétit de pouvoir et d’argent demeure le seul moteur. En définitive, le « grimpeur » autoproclamé s’avère être de plus en plus chaque semaine un boulet que les répu vont devoir traîner jusqu’à la primaire…
On a entendu aussi de bons penseurs de gauche ou de droite aux idées méritant sans doute d’être discutées… mais comme d’habitude, se contentant de regarder les pompiers tenter de circonscrire l’incendie en critiquant leurs méthodes, oubliant au passage qu’il y a un temps pour imaginer des maisons ignifugées et un autre pour éteindre le feu…
L’Europe a choisi le Pirée mais ce n’est évidemment pas le meilleur. La crise Grecque a montré de façon éclatante les limites de la solidarité des Etats de l’union. Le meilleur ne pourra venir que de la poursuite de la construction européenne qui passera par une démarche vers une véritable fédération européenne combinant à la fois un surcroit de décentralisation et de démocratie et liant la solidarité à l’émergence d’une souveraineté européenne se substituant progressivement à la souveraineté des nations. Le chemin sera très long encore mais c’est le seul avenir possible.
dr