Des goûts et des couleurs, dégoûts et des colères en constatant à quel point trop d’abstentionnistes, d’électeurs du FN et de sympathisants de l’UMP n’ont pas encore compris que la vague soi-disant bleu-marine est du même brun que celle qui a exacerbé les nationalismes et poussé des populations européennes à se haïr et à s’entretuer au siècle dernier. La démocratie offre parfois malheureusement l’occasion de permettre à la bêtise d’écraser la raison, à la haine de l’emporter sur la fraternité et la solidarité, à la bête immonde de prendre les traits d’une méduse blonde et au bout du processus, d’autoriser des poignées d’extrémistes à prendre d’assaut des républiques pour ensuite… Les européens et les français en particulier semblent avoir la mémoire bien courte pour avoir oublié comment les nazis ont su utiliser le processus démocratique pour arriver au pouvoir, et pour ne pas avoir compris encore que le juif, l’arabe ou l’immigré sont les victimes expiatoires toutes désignées dès lors qu’un régime d’extrême-droite a libre cours pour mener sa politique d’exclusion.
En ces circonstances, il faut bien avouer que la démocratie est parfois difficile à supporter pour les démocrates qui veulent malgré tout le rester.
Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut avoir le moindre égard pour les électeurs du FN qui ont abdiqué leur propre humanité en soutenant des candidats aux propos souvent douteux et un parti au programme suicidaire. Chacun sait que la crise, le chômage, la déception, la colère et la désespérance sont instrumentalisées par le FN mais au regard de l’exigence démocratique, cela ne constituera jamais une raison suffisante pour donner un pouvoir quelconque, même au sein d’un simple département ou d’une commune, à des politiques dont la vocation subliminale est de détruire les valeurs républicaines et la liberté d’expression. Ce n’est pas parce qu’un bateau connaitrait quelques avaries que ses marins s’autoriseraient à faire entrer des rats dans le navire. Les électeurs du FN, qu’ils soient ou non de bonne foi, ne font qu’être les artisans du sabordage du bateau républicain. Comment peut-on être à ce point aveugle et sourd pour ne pas s’insurger en voyant les « ménarderies » de Béziers réhabilitant des tueurs de l’OAS, l’assèchement des subventions les plus sociales dans les municipalités gérées par le FN, en entendant les menaces proférées à l’égard des journalistes par Madame Maréchal-poupée Barbie-Klaus ?
Quant à Monsieur Sarkozy qui renvoie dos à dos la gauche et le FN, qui recommande explicitement de ne pas choisir entre les deux, comme si leurs valeurs étaient de même nature, qui persiste à flatter au-dessous de la ceinture l’électorat FN en s’insurgeant contre les menus des cantines scolaires, qui, au fil de ses meetings, se comporte de plus en plus comme un bateleur de préau d’école primaire, pâle imitation des grosses têtes de RTL, le cynisme en plus, quant à ce Monsieur Sarkozy qui est à ce point daltonien qu’il confond la couleur rose avec la couleur brune du FN, il mérite amplement que nous l’appelions dorénavant « Joe Daltonien », en espérant vraiment qu’un jour, les juges auront les moyens de refermer sur lui les fameuses portes du pénitencier.
dr